Quand un obscur bibliothécaire anglais négocie pour la Belgique

Quand un obscur bibliothécaire anglais négocie pour la Belgique

Le traité des XXIV articles ou traité de Londres du 19 avril 1839 est le traité que finalement nous signerons à Londres avec les Pays-Bas. Nous n’avions pas été capables de nous défendre, nous allions perdre un maximum de choses : les Pays-Bas reçoivent le contrôle des bouches de l’Escaut et nous allons payer cher la survie du port d’Anvers. Nous perdons le Limbourg hollandais actuel et la forteresse stratégique de Maastricht, dont les habitants s’étaient pourtant révoltés avec nous. Le Luxembourg est divisé en deux. Nous gardons le wallon et, sur insistance du roi Louis-Philippe (guidé par des considérations de stratégie militaire), le canton d’Arlon, mais l’autre partie, l’allemande, est érigé en État indépendant sous le nom de Grand-Duché de Luxembourg et retourne à la dynastie hollandaise. 

Ce traité chargeait aussi la Belgique de la moitié de la dette du royaume des Pays-Bas, alors que l’essentiel de celle-ci datait d’avant l’unification de 1815. Il faut dire qu’on a envoyé pour nous représenter et pour négocier un obscur avocat du nom de Sylvain Van de Weyer, dont le principal titre de gloire à l’époque est, outre d’avoir sauté jeune dans le train de la révolution, d’avoir occupé les postes de bibliothécaire de la ville de Bruxelles et de professeur d’histoire de la philosophie. 

Quelle pouvait être l’ardeur de Van de Weyer à défendre les intérêts belges, lui qui avait épousé Élisabeth Bates, la fille unique du richissime financier Joshua Bates, de la banque Barings, et qui, après avoir abandonné la citoyenneté belge, mourut britannique, dans le somptueux château qu’il s’était fait construire, à New Lodge près de Windsor, en ayant tout à fait oublié le pays de sa jeunesse? 

Et puis, de toute façon, quelle peut être aussi l’ardeur de Léopold, « l’homme des Anglais », à se rebeller contre ceux à qui, depuis des années, il devait tout ? Que peuvent faire ceux qui veulent s’opposer à cette spoliation de territoire ? Que peuvent-ils faire pour ne pas abandonner ceux qui se sont aussi séparés de la Hollande et qui vivent depuis 9 ans maintenant avec nous ? Pour certains, renégocier ; pour d’autres, prendre les armes. En tous les cas, on crie, on s’invective. Gendebien pousse son célèbre : « Non, non trois cent quatre-vingts mille fois non, pour les trois cent quatre-vingts mille Belges que vous sacrifiez à la peur ». D’autres, issus de ces provinces, crient à la lâcheté, à la trahison. 

Mais le sort est joué, il y a les Anglais bien sûr, mais aussi les Rothschild. La paix à tout prix, il faut travailler, produire, nous sommes un de leurs placements. Et nous avons besoin d’eux, nos finances ne vont pas bien, il nous faut emprunter. Et qui retrouvons-nous ? Notre principal bailleur de fonds, Salomon Rothschild, qui est très clair quand il écrit à Metternich : « Ils n’obtiendront pas un denier tant qu’ils ne seront pas soumis ». Et nous nous soumettrons donc. L’argent contre la promesse de nos dirigeants de réprimer eux-mêmes toute velléité de rébellion qui apparaîtrait chez nous au moment de nous séparer de nos territoires. Comme tous nos députés, sauf un Gendebien qui démissionne pour marquer sa solidarité avec les Limbourgeois et les Luxembourgeois, préférèrent se soumettre et garder leurs postes plutôt que de se démettre, le projet de séparation fut accepté. Jean-Baptiste Nothomb, pourtant un farouche opposant (normal, il est issu du Luxembourg), lui non plus ne démissionnera pourtant pas. 

Le seul point positif à retirer de cette désastreuse campagne perdue et de cette non moins désastreuse négociation, c’est que nous avons dû rendre une partie du Luxembourg, devenu indépendant. Au même titre que les Français ont Monaco, les Anglais les îles anglo-normandes, les Hollandais Saint-Martin, nous avons eu pendant des années, comme bon nombre de pays, notre propre petit paradis fiscal, un endroit où il faisait bon aller cacher notre argent au fisc.

 
La place de Mons au début du 19e siècle

Que peut donc bien faire cet Auxerrois à Mons ? L’explication est simple : il fut le patron de la ville jusqu’à ce que Waudru vienne le détrôner au seizième siècle.

La capitale du Hainaut n’était d’ailleurs pas la seule dans le cas puisque Huy possède aussi une paroisse Saint-Germain. Le singe à la main dans le dos y soutenait, au fameux porche du Bethléem, la statue du saint évêque en question.

S’il est logique que les Montois invoquent leur saint patron en caressant l’occiput de son compagnon, il l’est tout autant que notre singe à la main dans le dos possède ici la même valeur qu’à Auxerre ou à Huy.

Dans l’iconographie des cathédrales, le singe représente celui qui, imitant son maître, demeure incapable de lui ressembler. Il incarne donc le profane qui voudrait accéder à la connaissance sans passer par la voie de l’initiation et ne peut donc être qu’un apprenti-sorcier.

À Auxerre, la bête tourne le dos au chemin de pèlerinage vers Rome qui débute là. De la même manière et avec le même sens, la statue de l’âne qui vielle s’appuie l’échine contre la cathédrale de Chartres. Le savoir des cathédrales ou celui du pèlerin n’est pas à la portée du profane : ces choses sont réservées au seul initié. Or, dans sa muraille montoise, le singe de la Grand-Place était dos au mur d’une chapelle qui, dans le domaine de l’ésotérisme, a eu son importance. Ce sanctuaire dédié à saint Georges avait été celui du comte Guillaume IV de Hainaut pour qui Jean van Eyck peignit son célèbre Agneau Mystique.

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