Orchestre Rouge : la centrale franco-belge de ce réseau d’espionnage russe était à Bruxelles

Nous sommes en octobre 1942, à Bruxelles, à la prison de Saint-Gilles.

Après dix mois d’interrogatoires par la Gestapo, Sophie Poznanska résiste toujours : elle n’a pas livré le code de déchiffrement des messages échangés avec Moscou. Mais, à bout et craignant les prochaines tortures, elle se pend dans sa cellule.

 

L’Orchestre Rouge : une curieuse histoire racontée par Alain Jourdan

Sophie était née en 1906, en Pologne. En 1925, elle avait émigré en Palestine où elle avait rencontré Léopold Trepper qu’elle avait rejoint. C’était un communiste convaincu qui avait été chargé par Moscou, dès 1937, de mettre sur pied un réseau d’espionnage destiné à recueillir des informations sur les activités de l’Allemagne nazie.

Ce réseau, qui avait comme couverture des sociétés d’import-export avec des filiales un peu partout en Scandinavie, en Italie, en Allemagne, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et même au Japon, pouvait avoir accès à des informations, tant auprès de soldats que de travailleurs dans des usines d’armement, ou encore auprès de hauts responsables.

Le contre-espionnage allemand, lui, a appris l’existence du réseau en interceptant des messages radio en provenance de Moscou. Ils le baptiseront « Rote Kapelle », l’Orchestre Rouge. Pourquoi ?

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Orchestre, d’une part parce que la transmission des informations se fait en morse, « en pianotant », et, d’autre part, parce que le patron d’un réseau est un « chef d’orchestre » qui dirige le jeu des « pianistes », les opérateurs radios, et de leurs « boîtes à musique », les émetteurs.

Rouge, parce que le réseau dépend de Moscou.

Compte tenu du nombre de messages échangés qu’ils ne parviennent pas à décrypter, les Allemands décident de créer une unité spéciale pour le traquer.

En novembre 1941, ils localisent une station émettrice à Bruxelles. La nuit du 12 au 13 décembre 1941, cette station est investie. Le réseau est démantelé.

Les membres arrêtés sont soumis à de terribles interrogatoires. 27 passeront par le camp de concentration de Breendonk, 24 seront fusillés, 3 se suicideront, 5 seront portés disparus, 10 mourront en déportation.

Durant son existence, l’« Orchestre Rouge » a transmis 1.500 dépêches. Pour certains, il aurait grandement contribué à l’effort de guerre soviétique, pour d’autres, non.

Il est malgré tout devenu l’un des symboles du courage et de la résistance face au nazisme.

Cette terrible aventure humaine à eu pour cadre Bruxelles.

La principale société, la Simexco, était installée au 192, rue Royale. Au 32 rue Jean Volders, à Saint Gilles, se trouvait la « cordonnerie », le surnom qui désignait le bureau de l’expert en faux documents. L’épicentre du drame, le lieu où tout s’est joué et d’où partaient la plupart des messages, était situé au 101 de la rue des Atrébates, à Etterbeek, à quelques pas du cinquantenaire. Une plaque commémorative y rappelle la présence du groupe.

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