Louise Lateau : L’« étrange » stigmatisée hennuyère

À Bois-d’Haine, on trouve une étrange habitation-musée… Il s’agit d’une modeste demeure située au 60 rue Saint-Hubert et qui est transformée en musée. C’est là qu’habita, au XIXe siècle, une certaine Louise Lateau. On y voit des meubles traditionnels, mais aussi la reproduction grandeur nature de « Notre Louise », comme on l’appelle. Allongée dans son lit, le regard lointain, du sang s’écoulant de ses mains… parce que Louise Lateau était une stigmatisée, prétend-on.

Née en 1850 et décédée à l’âge de 33 ans, comme l’âge du Christ !, la jeune femme, rapidement orpheline de père, se dévouait pour ses semblables victimes du choléra par exemple, quand, à l’âge de 18 ans, elle ressentit les premières douleurs de la Passion du Christ. À savoir, du sang qui suinte aux mains, aux pieds (clous), autour de la tête (couronne d’épines), à un côté (lance)…

Il y eut des dizaines de constats et analyses effectués par des scientifiques, des ecclésiastiques, des journalistes…

Outre les stigmates, on constata que, durant douze ans, Louise Lateau ne mangeait plus que des hosties, était insensible au froid, au chaud, aux odeurs, qu’elle ne dormait plus durant des années, qu’une pluie de tempête ne la mouilla même pas, qu’elle obtint des grâces…

Supercherie ?

Non, probablement pas, mais un phénomène extraordinaire que l’Église hésite généralement à qualifier de miraculeux. Elle a mis des décennies avant de reconnaître les stigmates de Padre Pio en Italie. Ceci dit, une demande de canonisation de Louise Lateau reste sans suite : « Rome a donné une réponse négative à la poursuite de la cause ».

Même si le pape Léon XIII (fin du XIXe siècle) déclara que le fait de Bois-d’Haine était un fait merveilleux et que les médecins ne l’expliqueraient jamais, il y a, effectivement, quelque chose d’étonnant dans cette affaire.

Les plaies aux mains dites de la « Passion » de Louise Lateau se situent aux paumes et aux dos desdites mains. Or, de récents travaux scientifiques démontrent que les clous enfoncés dans les mains du Christ l’ont été aux poignets, sans quoi il serait tombé de la Croix sous son propre poids.

Sans nier les faits constatés chez Louise Lateau, peut-on, dès lors, dire qu’elle fut touchée par la grâce divine ou s’agirait-il d’une série de manifestations mystiques ? Ce qui n’enlève rien, bien entendu, à l’exemplarité de la foi de la jeune femme.

Paroles et écrits de la stigmatisée

Louise Lateau laissa beaucoup d’écrits et énormément de gens recueillirent ses paroles. En voici quelques-uns pour mieux cerner cette personnalité étrange :

J’avais en moi le désir d’imiter Jésus dans ses souffrances.

Ma grande mortification, c’est de paraître devant les autres. Si je pouvais, je me cacherais.

Je ne suis pas faible du tout, même si je ne sais pas marcher !

C’est bon qu’on y est un peu habituée, sans quoi on croirait qu’on va mourir...

 Je fais mon possible pour être comme les autres.

Pour que mon union avec le Seigneur soit complète, il faudrait que je ne sois plus ici...

Ce n’est pas tant les souffrances qui font paraître le temps long, si l’on pouvait se suffire à soi-même. C’est parce qu’on est une gêne pour les autres. Ne pas aller à l’église, c’est une peine, mais on s’y résigne plus facilement. Mais toujours gêner les autres...

Il ne faut pas deux heures pour mourir...

En extase, je ne fais plus rien de moi-même... Il n’y a rien de moi... Je suis remplie de Dieu, qui agit seul en moi. Je n’ai qu’à me laisser faire. Quand je reviens à moi, je tâche de prier comme on me l’a enseigné.

Dans l’extase de l’après-midi, le corps ne participe pas. L’âme est violemment enlevée. Cela augmente le désir d’être avec Dieu et de ne pas rentrer dans le monde.

Plus j’aime la Vierge, plus j’aime Dieu.

 Je sens que les stigmates et les extases viennent de Dieu.

Le jour de ma mort sera le plus beau jour de ma vie.

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