L’optomètre De Constant Loiseau
Les fraudes au service militaire ont donné naissance à l’invention d’un petit appareil qui va révolutionner l’ophtalmologie : l’optomètre. Il est l’œuvre de Constant Loiseau, un médecin militaire d’origine namuroise.
Chez les Loiseau, on est médecin militaire de père en fils. Le destin de Constant Loiseau est donc tout tracé lorsqu’il naît, à Namur, le 5 octobre 1838. Pourtant, la mort prématurée de son père faillit l’éloigner de la Grande Muette. Et il fallut toute l’énergie de ses grands-parents pour qu’il puisse finalement être incorporé, comme simple milicien non soldé, à l’hôpital militaire de Liège. L’élève est heureusement brillant. C’est aussi, évoque Jules Mathieu, un joyeux camarade, un homme studieux, un lecteur assidu qui obtient son diplôme de médecin en 1864. Comme le veut la tradition, il est immédiatement affecté à un régiment. Mais c’est l’oculistique qui l’intéresse. Il s’informe sur tous ses progrès. D’autant plus que l’armée est victime de fraude à la myopie de la part de nombreux miliciens. À l’époque, il est vrai, l’armée réformait les soldats victimes de myopie. C’est ainsi qu’il invente, en 1878, l’optomètre ou « mesureur de vue », un petit appareil de 250 grammes, peu coûteux et d’une grande facilité d’emploi, permettant à tout médecin de mesurer aisément les réfractions oculaires. L’instrument, officialisé pour sa simplicité, son exactitude et sa sécurité médico-légale mit très vite fin à ces abus, ce qui lui valut bien des distinctions mais aussi un débat parlementaire. Et une nouvelle mission : celle de modifier les tableaux des infirmités et maladies exemptant du service de milice.
Son invention, sans cesse simplifiée et qui finit par ressembler à un « monocle de spectacle de petit format » fit le tour du monde. La technique Loiseau s’imposa même jusqu’en 1918. Mais notre Namurois ne put savourer ce succès. Diabétique, il mourut prématurément, à Louvain, le 30 novembre 1890, âgé à peine de 52 ans.