Le gaz moutarde de César Despretz

Le gaz moutarde de César Despretz

Un enfant de Lessines a donné naissance, en 1822, à l’une des pires inventions chimiques : le gaz moutarde. Mais César Despretz est également l’inventeur du premier four électrique.

Plus grand monde ne connaît, à Lessines, la genèse de César-Mansuète Despretz. Certes, une rue de la cité des Pénitents porte encore son nom. Mais on n’y trouve ni statue, ni plaque commémorative apposée sur la maison où il naquit le 4 mai 1791. Pourtant, il est l’un des plus grands chimistes et physiciens du XIXe siècle.

Il est vrai qu’il ne vécut pas très longtemps en Hainaut. On retrouve sa trace au lycée de Bruges et à Paris où il est venu se former aux sciences chimique et physique. Il y est repéré, écrit Gustave Vapereau, pour son intelligence très vive, une extrême mémoire, mais aussi une maladresse manuelle qui devint proverbiale parmi ses compagnons d’études. Il va néanmoins devenir, dès 1818, le répétiteur de chimie de Louis-Joseph Gay-Lussac qui professe à l’école royale polytechnique.

Sous l’influence de ce grand scientifique, César Despretz va entamer des recherches dans le domaine de la thermodynamique, notamment sur la chaleur latente et l’élasticité des vapeurs. Il va aussi publier des études sur la chaleur animale, la conductibilité calorifique des métaux, la compression des liquides et des gaz, la cristallisation du charbon. Ses traités de physique et de chimie sont réputés.

Il va pourtant entrer dans l’Histoire pour tout autre chose : la découverte, tout à fait par hasard, en 1822, du sulfure d’éthyle dichloré, mieux connu sous le nom de gaz moutarde. Il n’aura heureusement jamais connu l’usage qu’on en fit un siècle plus tard. Les Allemands utilisèrent en effet le gaz moutarde, pour la toute première fois dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917, pour mettre à mal la résistance belge dans les tranchées de l’Yser. Par la suite, le gaz moutarde fut appelé l’Ypérite, en souvenir d’Ypres, la région où il causa tant de drames.

Mais l’œuvre de César Despretz ne se limite pas à cette funeste découverte. Professeur à l’école polytechnique, professeur à la Faculté des sciences de Paris, il va remplir ses auditoires par des cours très dynamiques, illustrés de nombreuses expériences de physique, utilisant les grands moyens. Ses anciens élèves n’ont cessé d’évoquer, dans leurs mémoires, l’usage de piles ou de diapasons géants pour mieux leur faire comprendre leur fonctionnement. Naturalisé français en 1838, très apprécié de ses collègues, il deviendra même le président de la très sérieuse et tout aussi prestigieuse Académie des Sciences.

Sexagénaire, il va aussi s’intéresser aux arcs électriques. C’est d’ailleurs lui qui inventera le premier four électrique avec lequel il réalisera une autre grande première : la fusion de corps réfractaires par action combinée du soleil, de l’électricité et du chalumeau.

Touche à tout, il va enfin être le premier à se pencher sur la transformation du carbone en diamant, usant pour ce faire de la décharge de la bobine de Ruhmkorff.

César-Mansuète Despretz va mourir, à l’image de sa vie, discrètement, le 15 mars 1863. Sans jamais avoir revu sa cité natale.

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