Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine

Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine (1836-1902)

Léopold II n’a que dix-huit ans lorsque son père arrange son mariage avec l’archiduchesse Marie-Henriette d’Autriche, fille de François Ier, empereur d’Autriche, de deux ans sa cadette. Léopold Ier avait ainsi voulu assurer la pérennité de la dynastie et resserrer les liens avec les Habsbourg. Après la mort de leur fils, en 1869, Léopold et Marie-Henriette ne parviennent plus à assurer une descendance directe à la monarchie. Amer, le souverain séjourne de plus en plus longuement à l’étranger. À partir de ce moment, leurs chemins se séparent de plus en plus. Tandis que le roi s’investit pleinement dans l’aventure du Congo, la reine se réfugie dans sa villa de Spa. Ses rapports avec ses filles, avec lesquelles elle s’est toujours montrée froide, deviennent de plus en plus distants après la mort du prince Léopold.

Augure effrayant

Il est une prophétie méconnue à propos de Marie-Henriette, particulièrement intrigante. À l’âge de 14 ans, alors qu’elle se promenait en calèche avec une dame, un groupe de bohémiens se dirige vers la voiture les mains tendues. La princesse leur jette des pièces de monnaie. Tous repartent satisfaits, mais une bohémienne aux cheveux d’ébène, de longues breloques aux oreilles, reste, lui demande son attention, surveille prudemment les environs avant de lui lancer cette prédiction :

« Méfie-toi des nouveaux royaumes. Ils t’apporteront la richesse, mais aussi le malheur à toi et aux tiens. Tu feras le bien du haut de ton trône, mais rien ni personne ne pourra te rendre heureuse ! Tous ceux que tu aimes disparaîtront dans des circonstances affreuses. On te reprochera d’opprimer les gens. Ton propre peuple sera contre toi. »

Ces paroles la remplissent d’effroi. On ne sait si elle y crut. Toujours est-il que, trois ans plus tard, elle épousera Léopold II, que le couple se détestera toujours, que son fils Léopold mourra très jeune d’un accident cardiaque et qu’elle finira sa vie seule, dans la dépression.

Délicatesse pour les Flamands

Au début de leur mariage, Léopold II et Marie-Henriette se rendent régulièrement à Anvers. Un jour, ils vont saluer le grand écrivain flamand Henri Conscience, ancien professeur de Léopold. Devant lui, Léopold exprime son souhait de voir sa femme étudier la langue de Vondel pour lire l’écrivain dans le texte original. Mais la reine répond, l’air dégoûté : « Oh ! Vous ne voudriez quand même pas que j’apprenne une langue aussi barbare… ».

Le lama royal

Dans sa villa de Spa, où elle vit définitivement cloîtrée depuis 1895 avec ses chevaux, ses chiens, ses perroquets et ses volières, Marie-Henriette élève un lama, pas toujours d’accord avec ses méthodes, à en juger par le nombre de fois qu’il crache sur son royal professeur. Pas étonnant si elle le dresse aussi durement que ses trois filles, avec exigence et froideur ! Mais sans se décontenancer, elle fait confectionner une muselière sur mesure pour son compagnon. Des cancaniers ont prétendu qu’il ne lui aurait pas déplu d’agir de même avec son mari…

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