Manneken-Pis au XVIIIe siècle

En 1745, Manneken-Pis aurait été enlevé pour la première fois par des soldats anglais qui le transportent dans un chariot à Grammont. Les habitants réussissent à le leur dérober et le cachent jusqu’au départ des troupes, lui évitant ainsi d’aller garnir une vitrine du British Museum. Ensuite, ils l’exposent sur leur Grand-Place. Outrés de cette audace, les Bruxellois exigent la restitution de leur marmot. Les Grammontois s’exécutent et, en remerciement, les autorités bruxelloises leur en offrent une copie en pierre. C’est du moins ce qu’on a raconté et que l’on continue à colporter dans les livres. Mais, après enquête, la Gazette de Bruxelles du 21 mai 1930, sans prétendre régler définitivement la question, remet sérieusement en cause cette version. La réplique est en bronze. Elle représente un garçon maigre et raide, sans rapport avec la statuette de Bruxelles. En outre, elle est bien antérieure et daterait au plus tard du XVe siècle. On ne connaît pas d’autre Manneken-Pis à Grammont, ni en pierre ni en une autre matière. Il y a donc tout lieu de croire que l’épisode de 1745 est une pure légende.

Le 11 mai de cette même année, durant la guerre de Succession d’Autriche, l’armée française du maréchal de Saxe, en présence de Louis XV, livre victorieusement bataille aux troupes anglo-hollandaises à Fontenoy. Dans la foulée, au début de l’année suivante, le maréchal se dirige vers Bruxelles et s’apprête à la bombarder. Une délégation de jeunes et belles dames parvient à l’en dissuader. Charmé, le maréchal s’engage à épargner la superbe Allée Verte, la Grand-Place et donc… Manneken-Pis. Le siège commence le 29 janvier et Bruxelles, défendue par le général hollandais Van der Duyn, capitule le 21 février. Le 25, le maréchal de Saxe fait son entrée dans la capitale, puis le roi, le 5 mai.

Louis XV vient trois fois à Bruxelles et en profite pour voir la célèbre sculpture. Le 31 mai, il apprend que l’impopularité de ses troupes est notamment due au fait qu’elles s’amusent à lancer dans le parc des chiens qui blessent les daims et, surtout, que des militaires de sa suite se sont emparés de Manneken-Pis et l’ont abandonné dans un cabaret par une température glaciale. Sacrilège ! Le roi fait punir sévèrement les coupables et la statue regagne sa fontaine d’origine. En réparation, il lui offre un costume de marquis en brocart tissé d’or avec épée et tricorne. On raconte qu’il y ajouta la croix de Saint-Louis, ce qui obligeait ses hommes à respecter et saluer ce nouveau chevalier de l’Ordre…

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