Les origines du conflit de la Première Guerre mondiale
De la Première Guerre mondiale, les historiens retiennent les chiffres suivants: 10 millions de morts sur l’ensemble des fronts, 4800 soldats tués chaque jour du conflit, des dizaines de milliers de veuves, autant d’orphelins. À cela s’ajoutent les innombrables blessés, mutilés, et ceux que l’on appelle les gueules cassées. Ces seules données parlent d’elles-mêmes. Il n’est nul besoin d’en rajouter pour garder à l’esprit que les hostilités de 1914-1918 ont pris une envergure inconnue jusqu’alors.
En ce début de vingtième siècle, les rivalités en Europe sont pour le moins exacerbées. Les nations européennes se regardent en chiens de faïence et sont avant tout des rivales, que ce soit au point de vue économique ou colonial.
Tout le monde a le doigt sur la gâchette et les incidents diplomatiques se multiplient. On semble inévitablement s’acheminer vers une guerre. D’autant plus que pour les Allemands, un conflit localisé dans les Balkans, notamment, pourrait être une solution à leur problème d’agrandissement territorial ainsi qu’à celui de leur allié, l’Autriche.
Dans tous les pays, la course aux armements et aux fortifica- tions engloutit une grande partie des ressources. On allonge les durées de service militaire. Chez nous, une loi voulue par Léopold II instaure le service militaire obligatoire et on se dépêche d’améliorer nos fortifications et leur armement. Certains de nos dirigeants essayent de faire le maximum pour rendre crédible notre volonté de défendre notre neutralité contre toute tentative de passage, comme le traité de 1831 nous en fait obligation.
L’étincelle qui va mettre le feu aux poudres et conduire à la guerre est le double assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouse Sophie Chotek, à Sarajevo le 28 juin 1914 par un étudiant indépendantiste serbe de Bosnie, Gavrilo Princip.
Pour les Autrichiens, les Serbes sont derrière l’attentat, qu’ils considèrent donc comme une provocation, mais surtout, c’est pour eux «le prétexte longtemps attendu d’une guerre avec la Serbie» et la possibilité d’éliminer là une puissance rivale voisine. Le 5 juillet, l’Allemagne, qui pense que c’est une chance inespérée de remporter un succès facile contre la Serbie, la Russie et la France, déclare soutenir l’Autriche-Hongrie dans son attitude de fermeté vis-à-vis des Serbes.
Le 23 juillet 1914, alors que rien ne prouve la complicité du gouvernement serbe, l’Autriche-Hongrie lance à la Serbie un ultimatum de 10 points. Belgrade reçoit positivement toutes les demandes de l’ultimatum, sauf une qui exige l’envoi d’enquê- teurs autrichiens dans le pays. Elle est inacceptable, car ce serait nier sa souveraineté et violer sa Constitution. Par contre, les Serbes proposent la création d’une commission internationale.
Pour les Austro-Hongrois, ce sont les dix points ou rien, et sur-tout la possibilité de partir en guerre. Quelques jours plus tard, ils déclarent même que l’Autriche-Hongrie a été attaquée par des troupes serbes et le 28, les Autrichiens déclarent la guerre à la Serbie. La Serbie étant alliée de la Russie, le Tsar est entraîné dans le conflit.
Le 31 juillet, notre gouvernement décrète la mobilisation générale. Le 1er août, l’Empire allemand, allié des Autrichiens, déclare la guerre à la Russie, alliée de la France. Le 1er août, la France répète qu’elle respectera la neutralité de la Belgique, le 2 août la mobilisation générale est décrétée dans l’hexagone et le Grand-Duché de Luxembourg, neutre, est envahi par les troupes allemandes.
Suite à la mobilisation générale en France, l’Allemagne, prétextant que malgré sa promesse, la France s’apprête à l’attaquer en passant par Givet et Namur, exige de la Belgique qu’elle accepte le libre passage de ses troupes. Le plan allemand mis au point par un officier du nom de Schlieffen suppose de passer par la Belgique pour tourner les défenses françaises. Cette violation de notre neutralité et l’alliance avec la France feront aussi entrer la Grande-Bretagne dans la guerre.
Le 3 août, les Belges, de manière unanime, refusent le passage des troupes allemandes et rétorquent que la réponse serait la même pour les Français si, eux aussi, venaient à bafouer le traité de 1831 et voulaient aussi passer par notre territoire. La Belgique opposerait aux Français comme aux Allemands la plus vigoureuse résistance.
À 18h45, l’ambassadeur d’Allemagne en France déclare la guerre à la France.
Si le triste privilège d’avoir été les premiers tués du conflit à l’Ouest revient à deux soldats français décédés lors d’un premier accrochage le 2 août, celui des Belges sera d’être, dès le 4 août, dans les combats.