Les Echasseurs de Namur
Les bourgeois de la ville de Namur se sont soulevés à plusieurs reprises contre les Dampierre, leurs souverains ; mais ceux-ci punirent chaque fois les insurgés. Suivant une légende qui remonterait au XIVe siècle, le comte de Flandre et de Namur, Jean de Flandre (1298-1330), fils de Guy de Dampierre et d’Isabelle de Luxembourg, assiégea la ville et la soumit par la famine. Il refusa le pardon demandé par les notables de la cité, en déclarant : «Nenni, Nenni, point de pardon que vous veniez à pied, à cheval, en bateau ou en chariot. » Malicieux, les Namurois se présentèrent montés sur des échasses au comte qui, compatissant et amusé, leur pardonna. Une version plus plausible suggère qu’en période de crue de la Sambre, de la Meuse ou du Houyoux, des Namurois arpentaient les rues sur des échasses.
Le terme ancien «échasseur» vient du wallon chacheuqui désigne le lutteur sur échasses. La joute sur échasses, entre Mélans (nés à l’intérieur de la première enceinte) et Avresses (nés entre la première et la seconde enceinte), est l’une des plus anciennes traditions folkloriques namuroises, attestée en 1411 comme une pratique déjà bien enracinée. Le but est de faire tomber l’adversaire par tous les moyens, y compris des côps d’pougn è stoumac (coups de poing à l’estomac). Une source ancienne atteste que chaque parti a son «alfère» et est distingué par les couleurs de la cocarde. Les Mélans la portent jaune et noire (couleurs de la Ville) et les Avresses rouge et blanche. Le corps entier se composait de 1 500 à 1 600 combattants divisés en brigades, sous des uniformes variés. La hauteur totale des échasses a varié au cours des temps. Aujourd’hui, elle est de 200 cm. Les jouteurs namurois participent à de nombreuses manifestations folkloriques dans leur ville et à l’étranger (en Chine en 2008).