La mort mystérieuse du prince Baudouin de Belgique

Dans la nuit du 23 janvier 1891, le prince Baudouin, l’un des deux fils du comte et de la comtesse de Flandre, mourut à l’âge de vingt et un ans. Il était l’héritier du trône de son oncle Léopold II.

En cette matinée du 23 janvier, le Moniteur révéla : son Altesse Royale garde le lit depuis quelques jours à la suite d’un refroidissement, son état s’est aggravé hier après-midi.

Les journaux belges et étrangers annoncèrent le 24 janvier au matin: le prince Baudouin est mort. L’indépendance Belge fit l’éloge du disparu.

Le Peuple annonça: Cette mort, en quelque sorte foudroyante, a étonné tout le monde. Dans le public, on se demandait si on révélait la véritable cause de cette mort à laquelle personne ne s’était attendu et on citait le cas de Rodolphe à Mayerling. Il y avait peut-être là quelque chose de mystérieux…

La Réforme précisait : Il est d’ailleurs surprenant que rien de cela n’ait été su dans la soirée, en cette ville où tout se sait et que la nouvelle soit venue surprendre ce matin les Bruxellois qui ne se doutaient même pas de la maladie du jeune prince…

D’autres feuilles ne tardèrent pas à démentir les articles du Peuple et de La Réforme. Il y était question d’un suicide ou d’un règlement de compte à cause d’une femme.

Partout, on colportait la contrevérité et les langues allaient bon train. Les médecins du prince, Mélis et Mullier, avaient constaté la présence d’un point de pneumonie à la base du poumon gauche. Le prince s’était beaucoup plaint de douleurs au côté. Mais son état n’avait pas été considéré comme grave.

La pleuro-pneumonie se compliqua d’hémorragies rénales. Dans l’affolement né de telles circonstances, on oublia de prévenir le ministre de l’Intérieur dont dépendait l’insertion au Moniteur des communiqués qui s’imposaient face aux éventualités de cette importance. Quand on s’en souvint, le ministre était sorti. Tard dans la soirée, il fut reçu par le roi et une note put alors seulement être envoyée au journal officiel. La publication de l’information ne parut que le lendemain, le 23 janvier au matin.

Le docteur Mélis consigna en une très brève note la cause du décès: Pleuropneumonie infectieuse avec néphrite aigüe, hémorragie et endocardite. Durée de la première maladie: quatre jours. Durée des deux autres maladies: quelques heures.

Le docteur Mélis devint par la suite le médecin personnel du roi Albert et, en 1914, le chef du Service de santé de l’armée belge.

La disparition soudaine, inattendue pour des milliers de Bruxellois qui avaient encore vu récemment le fringant et robuste officier à la tête de sa compagnie, avait suscité des commentaires et questions chez beaucoup de Belges.

Le drame de Mayerling survenu vingt-quatre mois auparavant et le mystère de la mort du prince Baudouin présentaient quelques ressemblances aux yeux du peuple manquant d’informations et certains rapprochements n’allaient pas manquer de s’établir. Il faut cependant reconnaître que Rodolphe et Baudouin avaient en réalité peu de choses en commun.

Le prince Baudouin était pratiquement inconnu du public. Aussitôt terminé l’exercice ou la marche, il rentrait au palais de la rue de la Régence où l’attendaient des études en relation avec le rôle auquel il serait tôt ou tard appelé: succéder à son oncle, le roi Léopold II.

Le prince participait assidûment aux exercices qui se déroulaient à la campagne, c’est-à-dire au domaine royal des Amerois, situé sur la route entre Bouillon et Florenville.

De nos jours, l’entrée du domaine est strictement interdite au public et le domaine est entouré d’un système de protection assez étonnant. Ah, si les Amerois pouvaient parler, ils pourraient peut-être dévoiler certains mystères survenus derrière le mur de protection de cette propriété. Seraient-ils liés à la mort de notre prince ?

Certaines personnes issues d’un groupe de chercheurs semblent être bien renseignées sur les mystères qui entourent la mort du prince Baudouin. Elles dévoilent des bribes de réponse lorsque l’on évoque sa disparition. Ces révélations mènent toujours à deux solutions très différentes: S’agirait-il d’un suicide ? S’agirait-il d’un duel ? Peut-être la vengeance d’un mari trompé ? Ils prennent même le risque de citer des grands noms de l’armorial belge.

La mort prématurée du prince Baudouin est donc due, pour certains, à un assassinat, voire à un duel lancé par l’un des représentants d’une grande famille de la noblesse belge. Selon des rumeurs parvenues jusqu’à nous, il s’agirait du p.d.M. qui aurait provoqué notre prince en duel. L’honneur d’une jolie et charmante dame soupçonnée de partager la couche de ses deux amants princiers en serait la cause. Baudouin en aurait été la victime. Qui déshonora l’autre ? Le mystère reste entier.

La destruction des archives de Potsdam lors du bombardement du Zentral le 13 avril 1945 a sérieusement réduit les chances de retrouver les documents relatifs à la famille royale de Belgique.

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