Jean de Bavière (1390-1425)
Petit-fils d’empereur, il devint « Élu de Liège » sans jamais accéder à la fonction de prince-évêque. Sensible aux arts, pieux, belliqueux, il n’acceptera jamais de devenir prêtre et encore moins évêque. Son règne n’est qu’une succession de conflits avec la Cité et le corporatisme liégeois.
Règne conflictuel
Dès la fin du XIVe siècle, le règne de Jean de Bavière (1373-1424), qui n’accéda même jamais au sous-diaconat, fut pour les habitants de la principauté de Liège synonyme de tyrannie. Il commença par ôter aux Sérésiens le droit pourtant séculaire de couper et ramasser du bois aux alentours de leur commune. Ceux-ci se rebellèrent et les Liégeois décidèrent de prendre leur parti, ce qui obligea l’Élu à se retirer à Diest.
En 1402 se forma contre lui un violent groupe d’opposition : les hédroits (ceux qui haïssent le droit ; braillards, frondeurs selon une autre interprétation), dirigés par des nobles tels que Jean de Rochefort-Agimont et Jean de Seraing, qui s’allièrent aux « bonnes villes ». Le danger incite Jean, qui était rentré dans la capitale épiscopale, à fuir une troisième fois à Maestricht en septembre 1406. Liège, les « bonnes villes » et quelques nobles vont accomplir un acte unique dans l’histoire du pays : déposer le souverain et le remplacer, à savoir par Thierry de Perwez ; son père, Henri de Perwez, est désigné mambour.
Durant l’hiver 1407-1408, l’armée des hédroits vint assiéger Jean de Bavière, allié au duc de Bourgogne, dans Maestricht, où il s’était renfermé avec des troupes de princes allemands. Mais l’hiver contraignit les attaquants à lever le siège. L’Élu se vengea en ravageant la Hesbaye, en incendiant les villages de Millen et de Wonck dont les habitants furent traités avec cruauté. Désireux de rentrer à Liège, il proposa d’accorder la liberté aux communes, à condition qu’elles livrent leurs chefs. Pour toute réponse, ils lui adressent un colis contenant une écorce pliée comme une lettre et scellée de sept sceaux faits de bouse de vache séchée… Piqué au vif, il fit pendre les prisonniers liégeois, ne laissant la vie qu’à huit d’entre eux mais il les supplicia : il fit crever les yeux de sept et éborgner le huitième, chargé ensuite de ramener ses malheureux compagnons à Liège !
À la bataille d’Othée, le 23 septembre 1408, Jean de Bavière remporta, avec l’aide des troupes de Jean de Bourgogne, une écrasante victoire sur les milices liégeoises et hutoises. Ce fut une boucherie : 8000 de leurs hommes périrent dans la bataille, dont le mambour et son fils, tandis que l’armée des princes, dotée d’une redoutable cavalerie, ne perdit que 600 gens d’armes. Désormais, Jean de Bavière exerça un pouvoir sans limites.
En 1418, il remit l’évêché de Liège entre les mains du pape pour épouser la duchesse de Luxembourg Elisabeth de Görlitz. Jacqueline de Bavière lui céda la Hollande, la Zélande et la Frise, où il eut à soutenir une lutte acharnée contre les habitants d’Utrecht jusqu’à sa mort, en 1425, empoisonné par le second mari de sa nièce.