Dachau en Belgique
Le fort de Breendonk se trouve près de Willebroek (à une vingtaine de kilomètres au sud d’Anvers), le long de l’ancienne route Bruxelles-Anvers. C’est le seul camp de concentration que les nazis ont implanté chez nous durant la Seconde Guerre mondiale.
Les détenus y mouraient de faim et y étaient exécutés, mais aussi torturés par les SS allemands, avec la complicité de SS… flamands. Un procès eut lieu à Malines en 1946, les Belges comme les Allemands répondirent de leurs actes atroces.
Le tribunal militaire prononça des peines sévères pour vingt-trois des accusés, dont seize furent condamnés à la peine capitale.
Un des principaux tortionnaires allemands, Schmitt, ne fut trouvé que plus tard, jugé en août 1949 et condamné à mort. Ses appels et sa grâce ayant été tous refusés, il fut exécuté le 8 août 1949. Ce fut la dernière exécution capitale chez nous et Schmitt est le seul criminel de guerre nazi exécuté en Belgique. Le principal tortionnaire belge de Breendonck, Rijkaard De Bodt, fut d’abord condamné à mort par contumace et ne fut arrêté que 5 ans plus tard en Allemagne, où il se cachait dans l’armée d’occupation… française !
Ramené en Belgique, il fut bien entendu condamné à être passé par les armes, mais une loi décidant de ne plus procéder à l’exécution des peines capitales lui sauva la mise. Sa peine fut donc commuée en travaux forcés à perpétuité. Et, fait presque étrange chez nous, il ne fut pas libéré après quelques années. De Bodt mourut à la prison de Saint-Gilles en 1977. Il était à ce moment le dernier incivique encore emprisonné en Belgique.
Comme nous l’avons vu, il fait vraiment figure d’exception quand on sait que des personnages du même acabit tels Hendrik Elias, dirigeant du parti nazi VNV, et Franz Hellebaut, dernier commandant de la SS wallonne, furent en 1959 graciés par le roi et remis en liberté. Encore aujourd’hui, Elias reste une figure emblématique pour le Vlaams Belang et les soldats de Degrelle survivants cultivent le souvenir de Hellebaut. Leur libération suscita de vives oppositions au Parlement. Au cours des interpellations parlementaires qui eurent lieu, on apprit que Hellebaut recevait en prison les visites d’officiers supérieurs de notre armée. Visiblement, l’officier de la Division SS « Wallonie » pouvait compter sur plusieurs soutiens venant de hauts gradés belges !