Cinq anecdotes du Pays de Liège
Alexandre Dumas et les oeufs à la coque
Alexandre Dumas est venu à Liège en 1838 et, selon son affirmation, il est descendu à l’hôtel d’Albion, qui devait correspondre soit à l’hôtel du Pavillon anglais, place Saint-Lambert, soit à l’hôtel d’Angleterre, rue des Dominicains. Il demanda à manger, tant il avait « grand faim ». Croyant par cette expression qu’il était flamand, la serveuse l’ignora. Il l’interpella, lui dit qu’il était Français et réclama de la viande de boeuf. Tout en présentant ses excuses, elle dut bien avouer que cette viande manquait. Dumas demanda à la place six oeufs, mais on ne pouvait les lui servir non plus, sous prétexte qu’ils avaient été portés à couver. L’écrivain alla donc dormir le ventre creux. Vingt-sept ans plus tard, le 5 novembre 1865, il revint à Liège où un banquet fut offert en son honneur. En souvenir de l’incident gênant de 1838, à l’issue du festin, on lui présenta sur un plat d’argent deux oeufs à la coque…
Liszt, l’homme qui accompagnait le chant des oiseaux
Liszt a été plusieurs fois l’hôte du château d’Argenteau. Lors d’une soirée organisée en son honneur, en 1882, la châtelaine Louise de Mercy-Argenteau, musicienne elle-même, pria le virtuose de jouer du piano pour ses amis. Tout à coup, Liszt hésita au milieu de son improvisation, s’arrêta, et on entendit par la fenêtre ouverte, comme en réponse, le chant d’un rossignol auquel un autre faisait écho un peu plus loin. Alors le musicien se remit au clavier pour les accompagner en sourdine. L’assistance prenait conscience de vivre un événement unique et ovationna l’artiste à l’issue de sa prestation.
Collin Maillard
Vers l’an mille, une voie de communication ascendante reliait Huy au village proche d’Antheit, plus précisément au lieu-dit de Leumont (mont des loups), d’où l’on jouit d’un magnifique panorama sur Bas- Oha. En 998 s’y déroula une bataille entre les Liégeois et les troupes de Lambert le Barbu, comte de Louvain, qui ne tolérait pas la donation 363 du comté de Huy à Notger. C’est alors que, selon Jean d’Outremeuse, intervient glorieusement un Hutois légendaire (Florennois, selon d’autres), le maçon Nicolas Collin, que l’on a prétendu aussi mayeur du bourg de la Sauvenière. Grâce à sa force herculéenne et son gros maillet, ce Collin, appelé en conséquence « Maillard », fit de tels ravages dans l’armée louvaniste qu’elle détala. Comme il répéta son exploit le lendemain, Notger le fit sacrer chevalier. Le 10 octobre 1012, à la bataille de Hoegaarden, il eut les yeux crevés, ce qui permit aux troupes des Namurois de Robert-le-Perfide de prendre le dessus sur les Liégeois. Mais cela n’empêcha pas notre héros, conduit face aux ennemis, de continuer le combat et de les réduire en miettes grâce à son fameux maillet. De là serait venu le nom du jeu colin-maillard, qui consiste à attraper et identifier ses compagnons les yeux bandés.
Une statue du personnage est érigée dans le parc des Récollets à Huy.
Jus de chaussette
Au XIXe siècle, à Liège, après un bon repas, on préparait dans on p’tit cok’mare (cafetière) de cuivre rouge un café léger. Sous l’Empire, on prétendait qu’il était si clair qu’on pouvait voir Napoléon au fond de la tasse (à l’époque, on fabriqua en importante quantité de la vaisselle avec des scènes de bataille imprimées sur la faïence). Avant la Première Guerre mondiale, l’eau courante n’était pas encore installée à Angleur (banlieue liégeoise). Les habitants des maisons ne possédant pas de puits s’arrangeaient avec leurs voisins. L’eau qui servait pour la lessive, la toilette ou le nettoyage était de l’eau de pluie récoltée dans un grand tonneau de bois. Les impuretés et les déchets 379 étaient retenus par une vieille chaussette de laine servant de filtre et ficelée à la fin du chenal d’où s’écoulait l’eau du toit.
Saviez-vous que… ?
…le 19 octobre 1726, vers 20 h, à Verviers et dans d’autres régions, le ciel fut éclairé comme en plein jour. Le phénomène étrange fit croire aux gens à la fin du monde imminente.
…le général Jardon (1768-1809), était un Verviétois rendu célèbre surtout pour avoir servi glorieusement Napoléon Ier, au point que son nom est gravé sur l’Arc de Triomphe à Paris, nom qu’il n’aurait même pas pu lire lui-même, car il était analphabète…