Charles-Alexandre de Lorraine (1741-1780)
Gouverneur général des Pays-Bas, frère de l’empereur François-Etienne, beau-frère de l’impératrice Marie-Thérèse, époux de Marie-Anne d’Autriche, sœur cadette de Marie-Thérèse, il gouverne avec modération, s’entoure d’une Cour brillante, jouit d’une large popularité, s’intéresse aux arts et protège les artistes. Son gouvernement correspond dans le temps au règne de sa belle-sœur. Mais il gouverne d’abord aux côtés de Marie-Elisabeth, dont la santé est chancelante, puis seul avec son épouse Marie-Anne à partir de 1744. Lui succèdent le duc Albert de Saxe-Teschen et l’archiduchesse Marie-Christine.
Système télégraphique astucieux
Le gouverneur avait mis au point un code gestuel galant et secret qu’il utilisait, par exemple, depuis sa loge à La Monnaie lorsque sa bien-aimée était dans la salle. En voici quelques extraits :
Je viendrai : Se frotter l’oreille droite avec la main droite.
M’avez-vous compris ? : Prendre un coin du chapeau dans la bouche ou le bout de l’éventail.
J’ai appris du nouveau : Prendre son mouchoir et, après s’être mouché, le tortiller entre les deux mains.
Venez de meilleure heure : Se mettre les deux mains sur le visage, en les retirant en bas comme pour s’étendre.
Êtes-vous de bonne humeur ? : Faire semblant d’éternuer.
Je vous ai attendue : se mordre la lèvre d’en bas.
Avez-vous reçu ce que je vous ai envoyé ? : Se mordre le bout du doigt.
J’irai chez vous : Fermer le poing et le regarder comme si on avait mal au bout des doigts.
Je m’en vais pour quelques jours : Baisser la tête et regarder son estomac.
Nouveau Mendeleïev
Féru de sciences, ou plutôt d’alchimie, Charles de Lorraine avait fait aménager un laboratoire dans son palais. Il se livrait à des expériences, en commençant par essayer de fabriquer de l’or dit « philosophale » à partir d’une mixture de divers éléments chimiques. Il essaya diverses formules, dont un mélange d’argent et d’eau-forte, sans succès. Il réussit un peu mieux en mêlant de la rhubarbe, du safran, du sang-dragon, du borax, du cuivre rouge avec de l’huile. Son journal secret révèle un procédé secret pour composer un élixir appelé « eau hydroriadrague » censée guérir les malades atteints de « gravelle » (lithiase urinaire), de rétention d’urine, de pertes de sang ou du « mal caduc ». Il s’en réfère à deux médecins, expérimente le produit sur des malades, mais les résultats ne sont pas connus.