Vésale fut le médecin du XVIe siècle le plus célèbre parmi les Belges, et même dans toute l’Europe. Rembert Dodoens eut également son heure de gloire. Il est licencié en médecine à l’Université de Louvain en 1535, à l’âge de dix-huit ans. En 1548, il est nommé médecin juré de la ville de Malines, poste confortable qui lui laisse quelques loisirs pour se consacrer à des travaux de recherche. Mais, en 1548, que peut bien chercher un médecin ? La vocation du médecin est de soulager les malades, et cela se faisait principalement par le recours aux herbes médicinales, que l’on appelait les « simples ». Les simples étaient soit utilisées telles quelles, soit combinées pour former des médicaments composés. Les simples étaient donc la base de l’arsenal thérapeutique de l’époque, et Dodoens entreprend d’en faire l’étude systématique. Avec, peut-on dire, le même souci de précision et de rigueur dans la description que celui de Vésale en anatomie ou de Mercator en géographie, et à vrai dire il s’agissait d’une tendance propre à la Renaissance, et qui fait une partie de la valeur esthétique des œuvres des peintres et des sculpteurs de ce moment, avec les Botticelli, les Michel-Ange, les Raphaël, les Léonard…
En 1554, Rembert Dodoens a terminé de faire l’inventaire des plantes connues à l’époque et récoltées dans la nature ou cultivées dans des jardins pour utilisation médicale. Il fait paraître un livre de 818 pages, Cruydeboeck, in den welcken die gheheele historie, dat es ’t gheslacht, ’t fatsoen, naem, natuere, cracht ende werckinghe, van den cruyden, niet alleen hier te lande wassende, à Anvers. C’est un des premiers livres de botanique systématique, remarquable notamment par ses 707 gravures. En 1557, une traduction française paraît, également à Anvers : Histoire des plantes, en laquelle est contenue la description entière des herbes, c’est à dire, leurs espèces, forme, noms, tempérament, vertus & opérations. Dodoens a confié la traduction à son collègue Charles de l’Escluse, né à Arras.
En 1574, Rembert Dodoens est nommé médecin de l’empereur Maximilien II, et il s’installe donc à Vienne. Il revient en Belgique en 1581 et, l’année suivante, il est nommé professeur à l’Université de Leyde. Dodoens n’a pas cessé de publier des ouvrages de botanique et, en 1583, il fait encore paraître Stirpium historiae pemptades sex seu libri XXX, chez Christophe Plantin, à Anvers, magnifique ouvrage de 860 pages, qui comporte 1 305 figures. Dans ce livre, Dodoens décrit 840 plantes différentes, réparties en 6 pemptades et 29 groupes.