Alors que le groupe de combat Peiper pensait accomplir sa percée dès le 16 décembre, il fut retardé par les nombreux embouteillages à l’arrière du front. Quant à l’infanterie, elle fut aussi retardée dans son avancée en raison de la résistance des troupes américaines. Ce ne fut qu’à l’aube du 17 décembre que Peiper parvint à opérer une première percée en direction de Honsfeld...
Dès leur entrée dans le village, voyant des jeeps, des half- tracks et des canons anti-chars tractés stationnant devant les maisons, le SS-Obersturmführer Georg Preuss, commandant l’avant-garde de Peiper, ordonna aux mitrailleurs des chars d’ouvrir le feu sur toutes les maisons et, cela, en continuant à avancer.
Brusquement réveillés et à moitié habillés, les G.I.’s, s’apercevant qu’ils étaient menacés par de nombreux Allemands l’arme pointée vers la maison, sortirent des bâtiments, les mains levées en signe de reddition. De nombreux soldats parvinrent malgré tout à s’enfuir, certains même avec leur véhicule.
Au centre du village, route de Bullange, un officier S.S., sous la menace de son arme, fit sortir huit G.I.’s d’une maison, pieds nus et en sous-vêtements. Il les obligea à s’aligner le long de la façade de la maison et les tua tous d’une rafale de mitraillette.
D’une autre maison, cinq G.I.’s sortirent en agitant un drapeau blanc. À ce moment, un groupe de soldats allemands s’approcha et ouvrit le feu, tuant quatre des prisonniers et blessant le cinquième. Comme ce dernier demandait de l’aide, un char s’avança vers lui et l’écrasa.
D’une autre maison encore, quatre hommes sortirent en portant un drapeau blanc pour se rendre, mais le mitrailleur d’un char, qui passait à ce moment, ouvrit le feu, les tuant tous les quatre.
Ailleurs, dix-sept hommes du 612e Bataillon de Chasseurs de chars et un officier, le lieutenant Laurens B. Grandy, se battirent pendant un moment avant de se rendre. Les hommes se retrouvèrent en rang, les mains levées, lorsqu’un sous-officier allemand sauta d’un half- track, leva sa mitraillette et tua les deux hommes qui se trouvaient à la fin de la rangée. Un des Américains, le premier sergent-major Billy F. Wilson, réagit en s’enfuyant et courut derrière une maison puis se glissa d’un bâtiment à l’autre, pour atteindre une prairie où il se cacha derrière une haie. Il attendit environ quatre heures avant de regagner les lignes américaines.
Le soldat de première classe William T. Hawkins se trouvait dans un groupe d’environ cent hommes lorsque les Allemands les rassemblèrent après qu’ils se fussent rendus. Beaucoup de ces hommes appartenaient aussi au 612e Bataillon de Chasseurs de chars. Ils étaient en groupe serré, les mains sur la tête, quand des mitrailleurs allemands ouvrirent le feu, tuant, selon Hawkins, vingt à trente hommes. Ensuite, sans raison apparente, le tir s’arrêta et les survivants durent descendre la route vers Lanzerath.
Tandis qu’environ deux cents prisonniers se traînaient sur le côté de la route, d’autres chars et half-tracks du Kampfgruppe Peiper continuèrent à avancer. Certains des chauffeurs dirigèrent leurs engins vers les prisonniers comme pour les écraser. Des soldats, qui se trouvaient sur les chars, frappèrent les prisonniers avec la crosse de leur arme, en assommant quelques-uns. D’autres encore les prirent pour cible et les tirèrent au fusil comme des lapins. Un mitrailleur de char tira quelques rafales en l’air avant d’abaisser son arme et de tuer deux prisonniers. Un officier S.S. tira un coup de pistolet dans le front d’un des hommes.
Source : Ardennes 44 - Du sang dans la neige, Paul Thomas