Bruxelles : le « Faux Soir » de la résistance belge qui a humilié les nazis en 1943

Nous sommes en 1943, en Belgique, en plein cœur de la Seconde Guerre.

Alors que les Allemands contrôlent la presse, des journaux clandestins soutenus par la résistance se développent çà et là.

Le but est d’entretenir le moral de la population, de ridiculiser l’occupant, les collaborateurs et d’affirmer la présence et les actions de la résistance, coûte que coûte, malgré les risques encourus.

Ainsi, pas moins de 600 titres seront créés en Belgique durant la guerre.

 

Le faux Soir : une curieuse histoire racontée par Alain Jourdan

C’est dans ce climat que le 19 octobre, Marc Aubrion a une idée, qu’il partage avec René Noël : jouer un bon tour aux Allemands.

Le journal Le Soir demeurant le journal le plus lu, tous deux décident de remplacer une des éditions editées sous le contrôle des Allemands et rédigées par des journalistes collaborateurs par une livraison en apparence identique, qui serait distribuée dans les kiosques et les librairies.

Les deux hommes, membres du Front de l’Indépendance, une des plus importantes organisations de la résistance, souhaitent ainsi faire un pied de nez à l’occupant en le ridiculisant aux yeux d’une bonne partie de la population.

La distribution du numéro est prévue pour le 11 novembre 1943, une date qui n’est pas choisie par hasard puisqu’il s’agit du 25e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, le but étant ainsi aussi de rappeler la victoire alliée.

Les faussaires n’ont que trois semaines pour mettre à exécution leur projet, il faut faire vite et en toute discrétion : trouver le papier, l’imprimeur, le réseau de distribution.

On rédige des articles à la hâte. Et la parodie se révèle absolument parfaite.

Elle reprend, d’une manière détournée, le style d’écriture lourd, suffisant et propagandiste qui est celui des sbires de l’occupant.

L’opération est un véritable succès !

Le journal est le jour prévu dans toutes les libraires de Bruxelles.

L’action déclenche l’hilarité́ générale. Ou presque…

Les Allemands, eux, ne rient pas du tout. Quinze hommes seront arrêtés. Cinq d’entre eux, mourront dans les camps.

Alors, si vous foulez le pavé bruxellois, rendez-vous au 35 rue de Ruysbroeck. L’école primaire qui s’y trouve a été bâtie là où se trouvait l’imprimerie où fut imprimé le « faux Soir ». Une plaque murale y rappelle d’ailleurs ce haut fait de la résistance.

Le Musée National de la Résistance, quant à lui, situé au 14, Rue Van Lint à Anderlecht, remplace aujourd’hui l’immeuble où se réunissaient les membres du Front de l’Indépendance et où fut réalisée les plaques pour l’impression.

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