Au Ier siècle av. J.-C., les cinq peuplades principales qui occupaient le sol de la Belgique actuelle, étaient, du Nord au Sud, les Ménapiens, Nerviens, Aduatiques, Eburons et Trévires. Si elles se battaient fréquemment entre elles, ces tribus concluaient parfois aussi des alliances temporaires. Attardons-nous à trois d’entre elles.
La tribu celtique des Ménapiens, ou Ménapes, d’origine germanique, vivait aux environs de l’estuaire de l’Escaut, sur le delta de la Meuse et du Rhin. Souvent, César et Tacite associent leur nom à celui des Morins, vraisemblablement leur alliés, qui résidaient sur les côtes des départements actuels du Nord et du Pas-de-Calais. Les Ménapiens vivaient en sédentaires, disséminés dans des hameaux, de l’élevage et de l’agriculture. Quand il y avait risque d’inondation, les propriétés étaient construites, avec des cours à demi enterrées, au sommet de tertres de glaise ou de sable, appelés Donken. Les Ménapiens pratiquaient le commerce à longue distance : ils traversaient la mer sur de lourdes barques à voiles pour gagner le Sud de l’Angleterre. Leur textile était réputé et leurs salaisons étaient exportées jusqu’à Rome.
Par rapport à aujourd’hui, le territoire des Nerviens s’étendait sur les provinces du Brabant et d’Anvers, ainsi qu’au sud et à l’est du département français actuel du Nord. Selon César, les Nerviens ne consommaient pas de vin. Cela ne les empêchait pas de s’enivrer à l’occasion de cervoise de froment. Ils étaient spécialisés dans l’apiculture et dans la confection de manteaux, qu’ils exportaient dans toute la Gaule.
Les anciens Belges étaient de haute taille, portaient une abondante chevelure blonde ou rousse, qu’ils teignaient à l’occasion en rouge, et des moustaches pendantes. Hommes et femmes se paraient de bijoux d’or, métal qu’ils amassaient en grande quantité, à en croire Diodore de Sicile. Même les cotes de mailles en étaient recouvertes.
La condition des femmes n’était pas aussi idyllique qu’on l’a prétendu. Loin d’être émancipées, elles vivaient sous la coupe de leurs maris, qui avaient droit de vie et de mort sur elles et leurs enfants et qui cohabitaient avec leurs concubines. Strabon leur reconnaît néanmoins des qualités de bonnes mères qui élèvent bien leurs enfants.
Cultivateurs performants, les Belges recouraient à l’araire, à des herses rudimentaires et à la faucille. Au Ier siècle avant notre ère, Pline l’Ancien donne cette description de la révolutionnaire moissonneuse des Trévires, qui était inconnue des Romains :
« … une grande caisse dont le bord est armé de dents et que portent deux roues, conduite dans un champ de blé par un boeuf qui la pousse devant lui : les épis arrachés par les dents tombent dans la caisse. »
Ils se nourrissaient principalement de pain d’épeautre, de gâteaux de farine, de grains de céréales grillés, de viande de porc, de poissons, de lentilles, pois, haricots et fraises des bois. Les arbres fruitiers ne sont pas apparus avant l’époque gallo-romaine.
Dans le domaine religieux, les Belges vénéraient Teutates, Taranis, Esus ou autres dieux et génies incarnant les forces de la nature : le soleil, la lune, le feu… Ils croyaient en la réincarnation et pratiquaient des sacrifices humains. Leurs victimes étaient, par exemple, immolées par le feu, noyées dans un tonneau ou suspendues vivantes à des arbres jusqu’à ce que leurs membres se disloquent. Les druides avaient des fonctions sacerdotales, éducatives et judiciaires. Vêtus de blanc, ils coupaient solennellement chaque année, avec une faucille d’or, le gui sacré. Le barde, compagnon de toutes les festivités, véritable mémoire collective, récitait en public de longs poèmes épiques et didactiques avec un art oratoire consommé.