Marie-Thérèse (1740-1780)

Marie-Thérèse (1740-1780)

Reine de Hongrie et de Bohême, elle est la fille de l’empereur Charles VI, auquel elle a succédé en vertu de la Pragmatique Sanction. Elle est l’épouse du duc François III de Lorraine – qu’elle fit élire empereur du Saint-Empire en 1745, à l’issue de la guerre de Succession d’Autriche –, la mère de Joseph II, de Léopold II et de Marie-Antoinette. Alliée à la France et à la Russie, elle essaya en vain, par la guerre de Sept ans, de détruire la puissance prussienne. Elle prit part au premier partage de la Pologne. Jamais elle ne s’est rendue dans les Pays-Bas, dont elle était pourtant souveraine.

Une journée ordinaire

Le mentor de l’impératrice, Siva-Tarouca, en a fixé le programme. Le lever a lieu à huit heures. Pas plus d’une heure n’est consacrée à la toilette, au petit-déjeuner et à la messe, qui ne doit pas durer plus de vingt minutes. Cela paraît bien peu, mais l’impératrice n’est pas obsédée par son apparence extérieure à en croire le témoignage du comte Podewils en 1746 : « Elle n’a pas le souci de sa beauté, elle se préoccupe tout aussi peu de son habillement ; en dehors des jours de gala, elle s’habille très simplement et la Cour suit son exemple. » Pour son petit-déjeuner, Siva-Tarouca recommande du café bien chaud, sinon il est nocif pour l’estomac. Dans les faits, cet horaire est loin d’être respecté. Marie-Thérèse se lève à 6h du matin, 5 en été. La toilette prend plus de temps, surtout lorsque sa camériste la coiffait. Rarement satisfaite, l’impératrice renversait souvent avec mauvaise humeur ce qui avait été échafaudé avec patience et il fallait tout recommencer. Sa journée de travail commençait généralement à 9h30, jusqu’au repas, qu’elle prenait à 12h30 précises. Il ne durait pas au-delà de 13h30, l’heure du café, que Siva-Tarouca recommandait à nouveau de boire chaud. Après avoir consacré du temps à ses enfants et à sa mère, elle reprenait ses dossiers et les audiences à 16h, jusqu’à 20h30, sont des journées d’environ sept heures de travail, plus longues que celles de ses prédécesseurs. Le rythme n’est pas ralenti par les fatigues de seize grossesses successives, de 1737 à 1756. Si elle est contrainte de garder le lit, elle se fait amener les dossiers dans sa chambre. Les soirées sont consacrées au divertissement, en priorité les cartes, pour lesquelles l’impératrice a une véritable passion, en particulier le jeu du pharaon. En une fois, elle ira jusqu’à perdre 30 000 ducats. Ses proches conseillers devront déployer des trésors de persuasion pour lui faire abandonner ce jeu périlleux et passer à l’inoffensif « lansquenet ». Marie-Thérèse est friande de spectacles, en particulier d’art lyrique. L’opéra italien a ses faveurs. Elle-même adore chanter. Un jour, en voyage en Hongrie, elle bouleverse son programme pour se joindre à un chœur de religieuses. Parfois, elle danse jusque très tard dans la nuit, voire jusqu’aux aurores, comme lors du frénétique bal costumé du mardi gras 1743 où elle est déguisée en paysanne.

L’étiquette

D’origine espagnole, l’étiquette règle minutieusement tant la vie de Cour que le protocole des actes publics de la souveraine. Prenons à titre d’exemple la liturgie des audiences. Le visiteur, accompagné du grand chambellan, n’accède à l’impératrice qu’après un long parcours à travers un labyrinthe de couloirs, de salles, d’escaliers d’apparat. Au bout du périple, tout a été prévu : le nombre de pas, de révérences, le choix du siège (fauteuil ou canapé), avec ou sans accoudoirs, la durée de la rencontre, les paroles finales de l’impératrice. Tout ce rituel n’a qu’un seul but : souligner la distance qui sépare le sacré qui entoure sa couronne d’origine divine de la simple condition humaine. Plus tard, Joseph II, amateur de simplicité, donnera un grand coup de balai dans cette étiquette en supprimant le baise-main et la génuflexion.


Trophée qui pisse

Durant la guerre de Succession d’Autriche, l’armée française du maréchal de Saxe, en présence de Louis XV, livre victorieusement bataille aux troupes anglo-hollandaises le 11 mai 1745 à Fontenoy (au S-E de Tournai), prélude à l’invasion de notre pays pendant les guerres de la Révolution. C’est à cette occasion qu’est lancée l’illustre invitation : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » Le plus grand héros de la victoire française est peut-être moins Saxe que Manneken-Pis. En effet, quand les Anglais débarquèrent à Ostende en 1742 pour venir secourir notre pays, ils emportèrent à Bruxelles la célèbre statue de Duquesnoy sous prétexte d’éviter que les Français ne s’en emparent. Mais ceux-ci la récupèrent dans l’allégresse à Grammont et l’envoient comme trophée à Paris. Furieux, les Bruxellois s’en plaignent à Louis XV qui intervient personnellement pour la faire replacer à sa fontaine d’origine, poussant la courtoisie jusqu’à lui offrir un costume en brocart tissé d’or, avec la croix du roi et un tricorne. Il compte toujours parmi ses uniformes.

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