Les moines d’Orval s’emparent du trésor du Roi Louis XVI

Les moines d'orval s'emparent du trésor du Roi Louis XVI

À plusieurs reprises, mon ami, l’historien Paul de Saint-Hilaire, me fit prendre part aux recherches passionnantes qu’il menait autour de l’abbaye d’Orval afin de retrouver des traces de la disparition du trésor du roi de France Louis XVI.

Le trésor de Louis XVI, composé non seulement des bijoux et des diamants de la reine, convoyés par le perruquier Léonard, mais aussi de deux millions de livres en or et assignats, arriva à Stenay dans deux voitures, le 22 juin 1791. Quand l’arrestation du roi à Varennes fut connue, le marquis de Bouillé décida de diriger les précieux coffres sur la citadelle de Montmédy-Haut et son refuge de l’abbaye d’Orval où le souverain en fuite aurait dû descendre la veille au soir. Cette décision fut parfois contestée. 

Malheureusement, la retraite était précaire, car la ville était entrée en effervescence dès l’annonce des derniers évènements. Le lendemain, on retrouva même, dans les fossés, abattu d’une balle, l’officier commis à la surveillance des fonds. Il semble que les moines d’Orval furent alors chargés de lui succéder et de mettre le trésor en sûreté. D’aucuns disent qu’ils s’y employèrent sur place, d’autres qu’ils l’emportèrent jusqu’à leur abbaye, le dissimulant ensuite dans quelque coin de leur domaine ou des terres qui en dépendaient. 

Les partisans de Naundorff revendiquaient, au nom de l’enfant du Temple, l’héritage de Louis XVI. Selon eux, les moines d’Orval auraient utilisé le recours à un texte-clé tiré des Centuries de Nostradamus pour s’emparer du trésor, d’autant plus qu’ils avaient un atout : un peu moins de cinq siècles auparavant, le prophète provençal avait séjourné quelques temps dans leur abbaye, songeant même à y entrer dans les ordres. Le quatrain retenu est resté célèbre: 

De nuict viendra par la forest de Reines 

Deux pars vaultorte Herne la pierre blanche, 

Le moine noir en gris dedans Varennes 

Esleu cap, cause tempeste, feu sang tranche. 

En admettant, pour tenter une interprétation, que vaultorte soit l’anagramme d’Orvault ou Orval, et la forest de Reines celle du trésor de la reine, le dit trésor royal, divisé en deux parts après l’incident de Varennes, pourrait avoir été enfoui quelque part du côté de l’abbaye. Plus précisément, il pourrait avoir été enterré près d’une pierre blanche, en un lieu appelé La Herne, par exemple, ou Lahérie, comme ce bois où se dressait un menhir blanc non loin duquel des braconniers avaient aperçu une nuit des moines enterrant de mystérieux coffres. 

Mais le mégalithe de La Hérie n’est pas, on s’en doute, la seule pierre blanche des environs d’Orval. Celle qui git notamment dans les ruines du château de Montquintin est couverte d’indications curieuses : des traits et des cercles. 

Les souterrains, vestiges des terres de l’abbaye, en recèlent de nombreuses autres. Aussi, nul ne s’étonna de voir le domaine acheté un beau jour par le chambellan du roi Guillaume de Hollande qui avait reçu et protégé Naundorff. Ce fut un étrange personnage qui se ruina à sonder les murs, à retourner les dalles et à creuser le sol de sa propriété. 

On peut également imaginer que, de sa première cachette, signalée ou non par une pierre blanche, le magot ai été déménagé en catastrophe ; soit par les moines abandonnant définitivement l’abbaye pour se réfugier au prieuré de Conques situé à une vingtaine de kilomètres du monastère, soit par les Dragons revenus déloger d’Orval les sans-culottes, quand ceux-ci se replièrent sur le château de Latour où ils étaient cantonnés, toujours à une vingtaine kilomètres d’Orval. 

En tout cas, pour Paul Féval qui broda sur l’affaire dans son roman Les Errants de Nuit, les fabuleuses richesses n’auraient pas quitté le domaine des Cisterciens et seraient englouties au fond de leur étang. L’énigme de la fortune disparue de Louis XVI est l’une des énigmes les plus passionnantes parmi celles que les chasseurs de trésors pourraient être amenés à déchiffrer dans les Ardennes.


L’abbaye d’Orval, qui aurait dû servir d’étape à Louis XVI après Montmédy, est au centre de l’énigme du trésor royal disparu. Durant les mois qui suivirent, non seulement elle reçut les visites inopinées et successives du marquis de Bouillé et du comte de Provence, futur Louis XVIII, mais les Dragons de Latour y firent une brève incursion pour la dégager, juste avant sa destruction en juin 1793. Peu de temps auparavant, un des moines avait voulu faire certaines révélations à un agent de la Convention. Il disparut sans laisser de traces. Par ailleurs, des braconniers prétendirent qu’ils avaient aperçu une nuit les Cisterciens enfouir des coffres dans leur domaine, du côté de Gérouville.

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