Les Congolais sont sauvés ! Voilà les hommes d’Église

Les Congolais sont sauvés ! Voilà les hommes d'Église

Téophile Verbist - Fondateur de la Congrégation de Scheut

« Je tiens à ce que notre Congo soit évangélisé par des Belges. »

Cette phrase est adressée au Lambermont en 1886, le 24 août exactement, par Léopold II à un de nos diplomates. C’est vrai qu’une des promesses du Roi lorsqu’on lui attribue le Congo est d’y porter la Bonne Parole. Et tant qu’à faire, autant qu’elle soit de chez nous pour sa plus grande part, cette Bonne Parole. Parce que ce « nouveau marché », les protestants lorgnent dessus et que les gens simples, ça écoute encore Monsieur le Curé, à l’époque. Donc, autant que cette Bonne Parole soit belge et vienne de nos célèbres missionnaires catholiques de la Congrégation de Scheut. Scheut, un quartier de la commune d’Anderlecht, c’est vous dire s’ils sont de chez nous. Et question Bonne Parole, il y a toute une série de phrases bien utiles à l’époque, que ce soit chez nous ou là-bas, du style de celles de l’apôtre Mathieu dans l’Évangile : « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. » Nos missionnaires anderlechtois seront donc présents au Congo dès le début, en 1888. Et ce sont des costauds qu’on envoie, pas des séminaristes de salon. De vrais Don Camillo. Le côté comique en moins, peut-être ? Les premiers n’hésitent d’ailleurs pas à organiser des expéditions armées pour s’approvisionner en nourriture auprès des villageois. Ah, ça vous a une autre gueule le denier du culte à l’époque !

« Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. » Évangile selon saint Marc.

Puis ce sont des bâtisseurs de missions, de postes. Bon, ils doivent les faire fonctionner, ces missions et ces postes. Ils ont donc besoin de main-d’œuvre. Certains parlent d’esclaves, d’autres de centaines de personnes déplacées de leur région vers des missions lointaines. Partout dans ces terres vierges d’Afrique, les braves missionnaires « recrutent » des jeunes à élever en les achetant, ou plutôt, ce qui sauve les apparences, en les rachetant à des esclavagistes. Dans notre Congo, ils ne doivent même pas se donner cette peine. En échange de s’abstenir de fourrer leur nez dans ce qui relève de l’administration de la colonie, l’État leur fournit des cargaisons entières d’enfants. Le fait de savoir qu’ils peuvent disposer à profusion d’enfants à éduquer attire, en grand nombre, les pères blancs vers le Congo. Et comme Léopold veut de nombreux missionnaires, ces jeunes enfants sont tout simplement enlevés de force à leur famille et transférés à des centaines ou des milliers de kilomètres dans ces bonnes institutions catholiques qui vont faire d’eux des chrétiens exemplaires, mais aussi, et surtout, de futurs bons soldats pour la Force publique. Et pour qu’ils puissent « se reproduire », de braves sœurs élèvent leurs futures épouses, dans des établissements bien évidemment séparés. Un peu de morale, que diable !

Parade de la Force Publique se dirigeant vers l'Afrique orientale italienne - 1941
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