Des combattants depuis toujours
Franchissons quelques siècles en passant par une peuplade franque qui, partie de Tournai, finit par dominer un immense territoire au sud, lui donne son nom, la France, et ses premiers rois.
Rapprochons-nous encore du temps présent, pour nous retrou- ver sur les bords de la Meuse, en région liégeoise, du côté de Jupille et de Herstal, avec une autre famille, dont le plus connu de ses enfants, j’ai nommé Charlemagne, ne se contentera pas, lui, de la France et partira à la conquête d’une grande partie de l’Europe.
Ajoutons encore à cela l’une ou l’autre chose comme celle-ci: en juillet 1099, lors de la première croisade, ce sont deux gars de chez nous, de Tournai, des frères du nom de Lethalde et Engelbert, qui furent les premiers à mettre le pied dans la ville. En juillet toujours, mais en 1302, à Courtrai, ce sont les milices flamandes aidées de quelques Wallons qui déciment la fine fleur de la chevalerie française de Philippe IV le Bel.
Le 22 octobre de l’année 1468, 5000 Liégeois, loin d’être des soldats, osent, comme à leur habitude depuis des siècles, se heurter aux 40000 soudards de Charles Le Téméraire, bien que la défaite soit certaine. Plus de 500 volontaires combattent jusqu’à la mort pour protéger la retraite des leurs et, le 27 au soir, les survivants repartent à l’attaque contre les Bourguignons qu’ils espèrent surprendre sans y parvenir. Le tout se terminera la nuit du 29 octobre. Les Liégeois qui ne s’avouent pas vaincus veulent forcer la victoire en s’emparant du Duc de Bourgogne ! Ils tentent une véritable action de commando que l’histoire a retenue comme l’épopée des 600 Franchimontois. Ils seront, pour la plupart, massacrés.
En 1525 a lieu la bataille de Pavie où le Roi de France, François Ier, ne voulut remettre son épée qu’au seul Charles de Lannoy, le représentant d’une de nos plus illustres familles, issues du Comté de Flandre.
En 1537, Charles Quint crée les Gardes wallonnes qui existe- ront jusqu’en 1822 et dont le mérite au combat vaudra à leurs officiers, à grade égal, d’avoir la préséance sur les officiers espagnols.
Au XVIII siècle, ce sont les Dragons belges du prince de Ligne qui s’illustrent sur les champs de bataille. L’impératrice Marie- Thérèse, en récompense de leur bravoure, leur attribuera un étendard portant une rose bordée d’épines, avec la devise « Qui s’y frotte s’y pique ».
Sous l’Empire, beaucoup d’officiers originaires des départe- ments belges se distinguèrent sur les champs de bataille: un grand nombre d’entre eux seront décorés de la Légion d’hon- neur. Un général français du nom de Thiebault a écrit dans ses mémoires ce qu’il pensait des Belges: «Quant aux soldats, ils étaient ce que seront toujours des Belges bien commandés, c’est-à-dire des hommes ayant avec l’élan des Français une téna- cité, une énergie qu’en masse nous n’avons pas, c’est-à-dire des soldats ne le cédant à aucun des soldats du monde. »
Encore aujourd’hui, le légionnaire «français» le plus décoré avec plus de 45 médailles est le sergent belge Mittenaere.
Il participa à l’expédition franco-anglaise à Narvik en 1940, combattit à Bir Hakeim, El Alamein, Tobrouk , en Tunisie, en Italie, participa à la libération de la France. Il fut blessé 4 fois, cité deux fois à l’Ordre de la Brigade, deux fois à l’ordre de la division, une fois à l’ordre de l’armée. Il reçut, entre autres, les médailles de Chevalier de la Légion d’honneur, la Médaille militaire à titre exceptionnel, la Défense Médaille Anglaise, la médaille de Commandeur de l’American Legion, la Interallied Distinguished Service Cross de 1re Classe, la War Medal Géné- ral Eisenhower …
Ce rapide survol vient de nous montrer, si c’était nécessaire, que les Belges, peuple pacifiste s’il en est, ont donc toujours su bien se battre. Ils allaient le prouver aussi lors du premier conflit mondial. Alors que l’Allemagne croyait la Belgique alanguie, en raison notamment des traités qui garantissaient sa neutralité, elle a trouvé en face d’elle des soldats, des chefs et un peuple héroïques.
Nous allons évoquer la vie de quelques-uns de ces héros dont on ne saurait taire les noms.